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PAPIER 100 % COTON OU CELLULOSE POUR PEINDRE À L'AQUARELLE ?

  • Photo du rédacteur: Nadège Christophe
    Nadège Christophe
  • 24 avr. 2021
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 10 sept.


Le rendu final d’une aquarelle dépend grandement du papier utilisé. Le choix est vaste, les marques se multiplient, il est difficile de trouver celui qui correspond le mieux à son propre style de peinture. Deux grandes familles de papier s’opposent : 100 % coton ou cellulose.


Alors, lequel choisir ?



Le papier 100 % coton est gage de qualité. Lorsqu’on le choisi, il n’y a que très peu de risque de se tromper.

La cellulose jouit, quant à elle d’une mauvaise presse.

Elle entre dans la composition de nombres de papiers bon marché sujets au jaunissement, au peluchage ou gondolement.

Lorsqu’on choisi du papier en cellulose, il est conseillé d’opter pour des marques reconnues pour la pratique de l’aquarelle. Personnellement, je suis agréablement satisfaite du papier Montval de Canson.


Afin de mettre à l’évidence leurs qualités et défauts, j’ai décidé de mettre à l’épreuve les deux types de papiers.

Pour ce faire, j’ai utilisé du papier Arches 100 % coton et Montval en cellulose de l’enseigne Canson. Les deux sont à grain fin et ont un grammage identique de 300 g/m² :




TEST 1 : L’EFFET DE MATIÈRE HUMIDE SUR SEC


Pour ce test, je frotte un pinceau légèrement humide sur le papier. Cela est censé révéler les aspérités du papier.

Mes feuilles sont toutes deux à grain fin, mais le rendu est tout de même différent. Pour un résultat plus satisfaisant, je suis obligée d’utiliser un pinceau sans réserve d’eau (poils synthétiques) sur le papier en cellulose.

Pour la pratique de la peinture humide sur sec, je privilégierai donc le papier 100 % coton ou m’orienterai vers un papier en cellulose au grain torchon.



TEST 2 : LAVIS SUR PAPIER SEC


Je souhaite tester la capacité d’absorbation de mes deux types de papier.

Après avoir peins un lavis très humide sur papier sec, je chronomètre jusqu’au séchage complet :


Papier en cellulose : 5 minutes 58 secondes ;

Papier en coton : 5 minutes 12 secondes.


Le papier en coton est donc plus absorbant, tandis que celui en cellulose conserve mieux l’humidité. Il sera idéal pour le travail dans l’humide.



TEST 3 : FUSION DES COULEURS DANS LE SEMI HUMIDITÉ


L’aquarelle est très appréciée pour ses fusions de couleurs harmonieuses. Pour ce troisième test, je fais se rejoindre deux couleurs différentes.

Le papier 100 % coton, plus absorbant, permet de belles fusions de couleurs : les pigments se mélangent de façon homogène, le travail se poursuit à l’intérieur de la fibre aérée.

Le papier en cellulose ne réagit pas de la même façon : les pigments ne sont pas absorbés par le papier mais restent en surface. Cela favorise la formation de « flaques » serties aux couleurs bien distinctes. Ce test a été réalisé sur un papier sec. Afin de favoriser la diffusion des pigments sur ce type de papier, la feuille devra être au préalable mouillée.



TEST 4 : TRAVAIL DANS L’HUMIDE


L’épreuve qui m’intéresse le plus : celle du travail dans l’humide.

Dans cette technique, on cherche à travailler les pigments sur un papier qui a été inondé. Pour ma part, le fait de pouvoir ouvrir les blancs d’une aquarelle sans trop de résistance est un réel atout.

Les pigments sont très vite emprisonnés dans le papier en coton. Il est très absorbant et ne permet pas de faire de belles ouvertures de blancs : les zones concernées sont péniblement éclaircies.

Ce qui m’apparait comme un défaut, peut être un avantage pour le peintre que souhaitera superposer les lavis sans pour autant attendre le séchage complet de sa feuille : le risque d’auréoles involontaires est considérablement réduit.

À l’inverse, le papier en cellulose dévoile tout son potentiel : il est possible de « sculpter » les pigments restés en surface. Cela en fait un papier idéal pour pratiquer la technique dans l’humide.



TEST 5 : RÉSISTANCE AU GRATTAGE (pinceau dur et cutter)


Le test de résistance montre que le retrait de pigment est difficile sur le papier coton. Pour se faire, je suis obligée d’utiliser un pinceau en poil de soie de porc, potentiellement plus agressif pour mon papier.

Par contre, le papier en cellulose permet un retrait plus facile des pigments sur feuille sèche : il n’est pas nécessaire de frotter le papier, un pinceau doux et humide suffit.

Le test du cutter abîme irrémédiablement les deux types de papier. À moins d’en rechercher spécifiquement les effets, cette technique de la dernière chance est tout de même à éviter.

La résistance des deux papiers est égale.



Ce qu’on peut retenir :


PAPIER COTON


Atouts :

La rétention rapide des pigments permet la superposition des lavis sur papier humide ou sec. Cela est utile pour les plus impatients, les personnes qui débutent dans le médium ou la peinture de plein air. Cette caractéristique limite la formation d’auréoles involontaires et évite la frustration des débuts. Les fusions de couleurs sont riches et harmonieuses.


Inconvénients :

Le repentir est difficile. Il faut frotter le papier au risque de l’altérer, afin d’obtenir de timides éclaircies.



PAPIER CELLULOSE :


Atouts :

Idéal pour le travail dans l’humidité, il est très réactif à l’ouverture des blancs. Cela en fait un papier de qualité pour cette pratique. Pour la peinture humide sur sec, il est moins qualitatif mais devient un papier d’étude bon marché polyvalent.


o Inconvénients :

Les pigments fuient au moindre contact de l’eau et du pinceau. Le papier en cellulose ne supporte donc par la superposition des lavis successifs contrairement au 100 % coton. Le geste doit être maîtrisé. Afin de conserver la fraîcheur de son aquarelle, l’artiste qui opte pour ce papier peindra en général en un seul passage. C’est un papier difficile à gérer pour celui qui débute ou celui qui n’est pas familiarisé avec le cycle de l’eau.



Le papier idéal n’existe pas.

Pour peindre comme on le souhaite, il est mieux d’effectuer des comparaisons entre les différents papiers afin d’en comprendre les particularités et de sélectionner celui qui correspondra le mieux à nos attentes artistiques.



Nadège Christophe




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